Don Joseph Luccioni a 22 ans. Il vient d’être élu Conseiller Territorial sur la liste de Gilles Simeoni. Il est probablement le plus jeune à avoir occupé ce poste depuis la création de la Collectivité de Corse. Il s’exprime aussi bien en français qu’en corse, avec naturel et application. C’est lui qui a présidé la cérémonie du « Ghjuramentu » lors de l’installation de la nouvelle Assemblée de Corse sortie des urnes le 27 juin 2021.
Peux-tu te présenter rapidement ?
J’ai 22 ans, je suis étudiant à Sciences Politiques d’Aix en Provence depuis 2017. J’ai choisi ces études pour pouvoir prendre un jour ma place dans la construction de l’avenir de la Corse.
Mes parents sont professeurs de langue corse en primaire et en collège. Je vis entre Aiacciu et Cùtuli Curtichjatu. Tout jeune, j’ai fréquenté a Scola di Cantu di Natale Luciani, et j’ai été un lycéen engagé durant toute ma scolarité. La vie politique en Corse m’a toujours intéressé.
Comment s’est passée ton arrivée sur la liste Fà Pòpulu Inseme ?
Fin 2019, Gilles Simeoni nous a réunis plusieurs jeunes étudiants qui avions rejoint Femu a Corsica. Nous sommes un bon groupe d’une trentaine de jeunes. De là, après plusieurs réunions, il en est venu à proposer à plusieurs d’entre nous de rejoindre sa liste pour les élections de juin 2021. C’était une proposition trop motivante pour la refuser ! Anna Maria Colombani de Bastia, elle aussi étudiante, a été ainsi élue, tout comme Petr’Antone Filippi qui est un jeune professeur de corse à Corti. Je veux aussi citer Mathieu Pompa, François Joseph Negroni et Pasquin Cristofari qui ont été très actifs dans la campagne. Tout notre groupe s’est fortement mobilisé. Nous avons noué des liens politiques et amicaux très forts.
Quel a été votre apport ?
Quand l’Exécutif de Femu a Corsica a lancé l’élaboration du programme de la liste avec Antonia Luciani, nous avons contribué à bâtir un séminaire par le web, sur toute une semaine, qui a été très intéressant, et très participatif avec plusieurs dizaines de militants qui s’y sont investis. Nous y avons mis le meilleur de nous-même. Notre investissement dans la campagne a apporté une plus-value à nous autres qui recevons la confiance du mouvement, mais aussi pour la liste qui a établi ainsi un lien plus fort avec la jeunesse.
Comment conçois-tu ton mandat ?
Je le conçois avant tout comme un mandat d’apprentissage et de travail. Je voudrais être un relais entre la jeunesse corse et l’institution territoriale. Je suis très motivé par le travail militant, et je veux approfondir mes domaines de compétence, sur les questions législatives et d’évolution institutionnelle, sur les sujets de langue et culture corse, et aussi contribuer à la politique de la Collectivité de Corse pour la jeunesse.
L’abstention touche particulièrement les plus jeunes. Que pourrait-on faire pour y remédier ?
Les jeunes veulent des changements rapides car ils sont souvent impatients. Je vais m’attacher à expliquer qu’il faut plus que quelques années pour arriver à de tels changements. Car la Collectivité de Corse manque de moyens, tant budgétaires que normatifs. Il faudra plus d’une génération pour arriver à construire une autre Corse par la voie démocratique. Trop de jeunes se désintéressent de la vie politique, presque un sur deux. L’autre moitié par contre est le plus souvent nationaliste. À Femu a Corsica, nous voulons leur permettre de de s’investir, de travailler, de proposer.
Avec le facteur nouveau que sont les réseaux sociaux, une partie de la jeunesse est exposée à une perte de repères. Ces repères peuvent venir beaucoup par la culture et le sport, et je pense qu’il faut professionnaliser et développer ces filières qui favorisent la socialisation à travers des modèles auxquels on s’identifie.
Il faut aussi faire davantage pour que notre jeunesse s’approprie l’Histoire de la Corse qui n’est pas ou si peu enseignée. La Collectivité de Corse doit avoir une politique forte en direction de la jeunesse. •